
Selon Anis et Haifa [1](2020) , la performance est « une notion polysémique, complexe et difficile à définir, un impératif catégorique au caractère multidimensionnel ». Le processus de production habituellement mesuré à partir d’indicateurs chiffrés tels que le taux de disponibilité en ligne ou encore le taux de panne, quels seraient les autres critères et indicateurs à évaluer dans cette reconfiguration ?
Le CIGREF[2] propose quant à lui de se centrer sur la mesure de la performance numérique dans sa globalité au travers de 4 indicateurs : les données, le marketing, les opérations et les RH. Plusieurs chercheurs s’intéressent en effet à l’intégration d’autres indicateurs dans les systèmes de mesure en adoptant plusieurs cadres théoriques, telles que la théorie néo-institutionnelle (Hussain & Gunasekaran, 2002 ; Munir & Baird, 2016), la théorie de l’agence (Boučková, 2015 ; Sloof & Van Praag, 2008) ou encore la théorie de la diffusion des innovations managériales (Alcouffe et al., 2003).
Selon Couzineau-Zegwaard et Meier (2020)[3] , l’industrie 4.0 [4] est de « traiter de la disponibilité en temps réel de toutes les informations pertinentes impliquées dans le processus de création de valeur » (de la conception, fabrication connectée, contrôle en ligne à l’organisation globale). Elle se doit d’être « collaborative, intégrant les besoins des fournisseurs et clients via une interconnexion entre les êtres humains et les machines dans un système cyber-physique ».
Quelles en sont les conséquences et effets sur les organisations ? L’ANACT en distingue 3 :
o « La rationalisation des processus visant à accroître l’intelligence » et la productivité des systèmes en place » ;
o La distribution de la production de valeur, rendue possible par l’agilité des combinaisons logicielles ;
o La collaboration étendue à la faveur des systèmes ouverts ».
Le principe même de l’entreprise consistant à réduire autant que possible ses transactions et leur coût selon Coase (1937) serait-il ici questionné ? Progressivement, la valeur ajoutée semble selon les auteurs « se déplacer de l’effectuation elle-même des tâches vers 3 terrains :
o La formulation de la demande du client,
o La conception de la solution et des automates qui les exécutent,
o Le service, qui consiste à livrer au client (Landier, 2014) »
Cette évolution de la notion de création/captation de valeur engendre-t-elle nouveaux business models ? Comment cela se traduit-il au niveau des processus internes ?
Selon Frédéric Sanchez[5], le président du directoire de Fives (plateforme Usine du futur) : « Ce qui se cache derrière le mot "usine" ne colle plus à l'image que continue à en avoir l'inconscient collectif : ce terme englobe aujourd'hui les chaînes d'assemblage, les centres R&D ou encore les datacenters (…), ces usines doivent être écologiques, économiques, flexibles (en faisant preuve) de frugalité. Si hier "usine" et "frugale" étaient inconciliables, les outils et méthodes développés par l'industrie aujourd'hui les rendent tout à fait compatibles».
Selon l’ANACT [6] des modes de fonctionnement décrits comme « alternatifs » induits par la digitalisation apparaissent à différents niveaux :
o Des cycles (développement en mode continu),
o Du pilotage économique (enveloppe globale avec déduction étapes intermédiaires en fonction du “burn rate »),
o Du focus mis sur l’utilisateur final (end user),
o RH (besoins nouveaux en termes de compétences et de transversalité),
o Des approches projets (l’agilité étant le fil rouge).
[1] Hamrouni Anis, Khalfallah Haifa (2020), Performance industrielle à travers l’évaluation des processus stratégiques : étude d’un cas industriel, Revue française d’économie et de gestion [2] https://www.cigref.fr [3] Elizabeth Couzineau-Zegwaard, Olivier Meier (2020), L’évolution de la fonction Supply Chain au sein de la gouvernance d’entreprise au prisme de « l’ambidextrie organisationnelle. CAIRN.INFO [4] Webinar Chaire Transformation 4.0 (du 16 au 20-11-20) UIMM [5] https://www.usinenouvelle.com/article/a-quoi-ressemblera-une-usine-demain.N250810 [6] ANACT, Dossier n362 (fev/mars 2016), Travail et changement : numérique et conditions de travail : les enjeux d’une transformation en marche
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